A pink taxi

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May 30, 2010

Les Deux Laureats


Je m'adresse d'abord au compatriote de mon mari et de mes enfants, Atiq Rahimi, prix Goncourt 2008 pour "Sangue Sabour". Le privilege de le tutoyer, a ete, j'espere, merite, depuis le temps que je corresponds avec lui. Atiq, te souviens tu de ma surprise quand tu m'as ete presente, que j'etais ebahie par ta jeunesse, toi, l'ecrivain a l'histoire grave de Terre et Cendres? Ensuite j'ai lu ton livre evenement, "Sangue Sabour", au titre obstinement Afghan, qui avait recu les memes honneurs que Sartre et Duras?

Je me suis interrogee sur le talent que tu as eu a te cacher, ou plutot a  t'identifier, a ton heroine, tel Flaubert et son "Madame Bovary c'est moi!". Cette heroine sans prenom et pourtant souveraine de ta narration. Une heroine solitaire dans une chambre sans vie, a se fracasser les ailes contre des parois trop etroites. Une narration languide et pourtant theatrale, pareille a une toile blanche contemporaine ou tu aurais eclabousse les peintures aux couleurs vives d'Afghanistan. Quelle celebre exportation afghane que celle de "Sangue Sabour"!



Dans cette meme lignee, celle commencee par Taher Ben Jelloum avec sa "Nuit Sacree", est la laureate de 2009, Marie Ndiaye, une francaise d' origine senegalaise. Je ne peux vous tutoyer car ma rencontre avec vous est toute recente ( a peine le tiers du roman lu), mais cette rencontre unilaterale (car vous ne connaissez
rien de moi, lectrice impressionee). Dans "Trois Femmes Puissantes", je vous ai decouverte, derriere la facade de votre syntaxe, et non derriere vos personnages.

Des la premiere phrase, vous m'avez aspire vers vous. Je vous ai rencontre dans la dedalle de vos phrases labyrithiques, formees d'une litanie interminable de complements, d'adjectifs, de propositions subordonnees et coordonnees, de sujets inverses, de propositions juxtaposees. Une celebration grammaticale.Je lis, ma confusion s'accroit, mais parce que la grammaire est perfectionnee, ma comprehension reste intacte. Vos phrases sont taquines. Vous allez toujours a la ligne, comme font les poetes apres leurs alexandrins interminables, et les phrases sont de longueurs diverses.

Votre prose n'a aucun paragraphe, pas un seul. Pourtant vos phrases ressemblent a des paragraphes faulkneriens; difference est que vous manipulez la ponctuation que l'Americain avait refute.

Je vous iamgine de personnalite forte avec cette fierte qui peut etre hautaine mais qui a pour base cette certitude et confidence d'etre surdouee. A l'ecole primaire, vous auriez compris vos lecons de grammaire et deja en secondaire vous defiez vos professeurs avec vos contorsions grammaticales. Presque par jeu, mais
aussi par addresse. Vous composez avec dexterite et puissance. Avec pretention mais sans complexes.

Marie Ndiaye, c'est comme si je vous connaissais personnellement. Avec votre nationalite francaise et couronnes du prix Goncourt, vous et Atiq Rahimi, vous etes notre fierte, nous les Francophiles d'origine etrangere.

3 comments:

  1. Now you got us very confused by using the language of Racine,for those who are francophone only,or some casual readers of Le Monde,your holy publication!I guess you will need to get your remarks translated asap into English or Arabic or even Dari!Courage Madame!

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  2. Are you trying to make us feel guilty about not reading enough? I greatly enjoyed reading Atiq Rahimi's A Thousand Rooms of Dream and Fear.

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  3. I had no problems understanding this blog....Nina translated for me!

    Vida

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